Chose promise chose due ! Nous nous retrouvons donc aujourd’hui pour notre second décryptage du plan PDE 2020-2030 fraîchement adopté. Après l’avoir exploré dans les grandes lignes la semaine passée, nous nous intéressons maintenant de plus près aux 8 grands défis qui le constituent.
(Afin de vous proposer une explication détaillée de chaque objectif nous traiterons les quatre premiers aujourd’hui puis les suivants dans un futur article.)
Comment le canton va-t-il réussir à tenir ce fabuleux pari qui représente une avancée inespérée pour la transition énergétique ? Et quelles sont les solutions existantes à ce jour pour réussir à accompagner cette transition tout en restant cohérent avec les modes de consommation d’aujourd’hui ?
Vous avez manqué notre premier article sur ce sujet ? Nous vous conseillons de le parcourir avant de vous plonger dans celui-ci : 🙃 👉 Energie : Décryptage du PDE 2020-2030
1. Les grands défis environnementaux et leurs enjeux
Défi N°1 : La diminution des besoins de chaleur et de froid du parc immobilier
Dans le cadre de ce premier défi, un constat de la situation actuelle a été établi : il paraît indéniable qu’à ce jour, le taux de construction des bâtiments est plus accru que le développement de la population du territoire genevois. L’explication est finalement simple : un seul habitant ne vit pas seulement à son domicile, il évolue aussi quotidiennement dans un espace de travail qui bien souvent est différent de son lieu de résidence.
Le premier axe sur lequel le PDE promet d’insister est de faire des choix architecturaux sobres en énergie.
Favoriser la multifonctionnalité des espaces, des équipements et des biens est également un axe porteur de bien des économies d’énergies. La démocratisation de la pratique du coworking ou du télétravail vont directement en ce sens.
Pour rester cohérent et booster la dynamique de ce défi, le deuxième axe de travail du PDE propose d’insister sur la rénovation énergétique du parc existant.
À ce jour, la moitié de l’énergie consommée à Genève est utilisée pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire, dont 90% à partir d’énergies fossiles.
Force est de constater également que le taux de rénovation énergétique reste faible (
Enfin les derniers axes visent à renforcer le dispositif de contrôle de l’Office cantonal de l’énergie pour le rendre plus efficace et dissuasif afin de mieux faire appliquer la législation. Dans cet optique, le but est d’actualiser le Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC) établi en 2014.
Défi N°2 : Sortir du chauffage fossile pour les bâtiments
Nous l’avions évoqué dans notre précédent article, une sortie complète de la chaleur d'origine fossile est possible et finançable d’ici à 2050 - Mieux encore, elle pourrait être rentable !
Dans une étude menée l’année dernière par l’alliance économique Initiative Chaleur Suisse et publiée par la Tribune de Genève “La décarbonation du marché du chauffage entraînera des coûts directs et indirects nets d’environ 1,5 milliard de francs par an durant la phase de transition, de 2020 à 2050, relèvent les auteurs de l’étude. Par rapport aux quelque 13 milliards de francs que la Suisse paie chaque année pour l’importation de combustibles fossiles, «cet investissement est judicieux et crée une valeur ajoutée en Suisse», selon le communiqué.”
Quoiqu’il en soit, pour que ce passage aux énergies renouvelables puisse être réalisé, cela requiert évidemment un mix technologique et énergétique, et ce dans la plupart des domaines (ménages, industrie et commerces).
Le PDE 2020-2030 prévoit alors plusieurs étapes transitoires à cet effet, comme :
- Réduire la consommation de gaz fossile et distribuer 30% de gaz d’origine renouvelable d’ici à 2030 et 100% d’ici à 2050.
- Optimiser l’exploitation des installations techniques, et accompagner l’abandon des systèmes de production de chaleur à base d’énergies fossiles et leur remplacement par des solutions renouvelables.
- Poursuivre la valorisation des rejets thermiques du territoire pour récupérer 250 GWh/an de chaleur supplémentaires d’ici à 2030
- Fournir 150 GWh/an d’ici à 2030 grâce à la mise en service d’une CCF Bois-Déchets, d’une unité de méthanisation-compostage (Pôle Bio Énergies), et la valorisation du bois naturel
Défi N°3 : Anticiper les conséquences du changement climatique sur la consommation et sur la production d’énergie
Le principal enjeu qui réside dans ce défi sera par rapport à l’approvisionnement et au stockage de l’énergie. En effet, si un transfert vers des ressources à faible densité énergétique est envisagé, cela va automatiquement impacter les modes de transport et de stockage de ces dernières - Il faudra alors favoriser la proximité ressources-consommateurs.
Pour ce faire, l’énergie doit être considérée, et à juste titre comme un élément structurant de l’aménagement des territoires genevois.
Les diverses actions à mener relèveront, entre autres, de la capacité à limiter les irréversibilités, y compris en favorisant les synergies dans le développement de nouvelles infrastructures, en coordination avec les autres politiques publiques.
Identifier les principales conditions à mettre en place pour favoriser un développement sobre des infrastructures sera également une action menée.
Défi N°4 : Accompagner la transition vers des modes de déplacement décarbonés et maîtrisés à l’échelle du Grand Genève
La poursuite du développement de la filière hydrogène semble être l’alternative la plus pertinente. Si l’hydrogène décarboné n’existe quasiment pas à l'état naturel, l’ambition est de disposer d’une station de production de 2 MW ainsi que deux stations de distribution d’hydrogène dans le canton, d’ici 2023.
Le but, à moyen et long terme, sera d’utiliser l’hydrogène comme un véritable vecteur énergétique et un moyen de stockage.
La création d’une centrale de production alimentée par les énergies renouvelables et le déploiement d’une flotte de véhicules à hydrogène sont des alternatives qui semblent être potentiellement mises en place lors des prochaines années.
Grâce à des actions diversifiées vers des modes de déplacement décarbonés, les effets induits ne peuvent qu’être énergétiquement plus sains. Les objectifs sont multiples : valorisation de la production des énergies renouvelables, réduction des émissions de gaz à effet de serre, des émissions atmosphériques, ainsi que des nuisances sonores.
Seule la mobilisation de tous permettra la réussite de cette transition énergétique.
Source : https://www.ge.ch/document/plan-directeur-energie-2020-2030